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Lien original : Ungrateful Hyenas Editions
En anglais : Kill the Couple in Your Head
enfermons nos relations libres dans des institutions qui, comme le capital, les
prisons, le confort, transcendent la mort. Contre le culte de l’immortalité de la
civilisation, nous proposons des liens de proximité, une écologie vitale, faite de
vie, de mort et de renaissance – une appartenance partagée qui est en formation
constante, basée sur notre antagonisme partagé à la domination et sur notre
détermination à l’attaquer depuis l’extérieur.
Cité de Sexxxual Luddites : Amatory Ethic of Liberatory Desire for a Free and
Joyful Affect :
« Dans le chenil attenant à la maison, les chiens hurlent toute la nuit et tout
le jour. Cette idée de protection, de bien-être, de soin est exactement ce à quoi
l’on s’oppose. Courir les rues à découvert est préférable à une cage de bonnes
intentions. »
Nous vous invitons à fermer les yeux pour finir sur une visualisation :
« Vous êtes un·e loup·ve, couché·e dans une cage à peu près grande comme
deux fois votre corps, sous la lumière dure de néons clignotants, miroirs
déformants du cycle jour-nuit. Vous n’avez jamais faim, jamais peur pour votre
survie, engourdi·e dans une brume de sédation alors que l’horloge au mur
égrène les journées de son tic-tac. Vous entendez un bruit, sans savoir d’où il
provient, de vous ou de l’extérieur. Du tonnerre lointain ? Les contours d’un
souvenirs remonté dans un moment de colère ? Vous vous levez, mais au lieu de
tourner en rond, vous vous jetez de tout votre poids sur la porte, titubant dehors,
sur le sol stérile. A-t-elle jamais été fermée ? Vous partez au galop, courez hors
du bâtiment, à travers les rues, hors de la cité, et le désert s’ouvre devant vous.
La lune est pleine. Vous hurlez.
Silence.
Vous hurlez de nouveau, plus fort, sans penser à ralentir vos membres
endoloris, baignant dans le plaisir de la sensation de l’air froid sur votre
fourrure. Un appel vous répond, et votre hurlement solitaire devient un tissage
complexe de voix, un chant. Vous courez rejoindre les autres loup·ves, vous
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fondant dans une danse de corps, jouez, vous battez, vous reposez. Le tic-tac de
l’horloge finit par quitter vos cauchemars, votre cœur à l’unisson avec le lever et
le coucher de la lune. Vous hurlez ensemble, que d’autres entendent, qu’iels
sachent qu’il existe un refuge.
Notre meute assiège la ville qui cherche à nous recapturer, brisant les
cages, arrachant les gorges des technicien·nes de laboratoire, essayant et
manquant de faire tomber la maudite horloge de son mur. Certains membres de
la meute meurent sous les tirs des chasseur·ses. D’autres nous rejoignent,
certain·es retournent à la sécurité de leur cage. Celleux qui jamais n’y
retourneront lèchent les blessures les un·es des autres. Une nuit, vous décidez de
partir, errant seul·e. La solitude choisie alors n’a rien de l’isolement d’une cage,
vous avez laissé ça il y a longtemps, dans une autre vie. Vous savez pouvoir
toujours retourner vers les vôtres, changé, différent. Vous grimpez une dune,
absorbant l’étendue étoilée des cieux – votre cœur s’emplit de l’immense beauté
du désert et votre petitesse dans celui-ci. Vous remplissez vos poumons, lâchant
un hurlement vivant de toutes les joies et les peines de vos traversées. D’autres
répondent. »