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Lien original : Indymedia Lille
En anglais :
LES RISQUES NE PEUVENT ÊTRE ÉVITÉS C’est vrai sous un raisonnement pratique : nous n’avons aucun contrôle sur ce que la police choisit de faire, et nous avons vu encore et encore que la réponse policière n’est pas corrélée à l’échelle, l’intensité, ou la légalité de l’action. Il n’y a donc aucun calcul magique qui puisse éliminer les risques. C’est aussi vrai sous un raisonnement logique, considérant que…
IL NE PEUT Y AVOIR D’ACTION CONSÉQUENTE QUI N’ACCEPTE PAS DE RISQUES C’est évident si on y réfléchit même un bref moment. S’il existait une action qui pouvait amener de réels changements sans réels risques, il n’y aurait aucune raison de ne pas la réaliser – et les gens l’auraient fait, et auraient apporté les changements en question. Les changements sans aucun risque ont déjà été instaurés. Une politique abolitionniste collective implique une compréhension que si nous voulons un changement conséquent pour toustes, nous devons accepter des risques.
IL Y A TOUJOURS UNE VULNÉRABILITÉ DIFFÉRENTIELLE AUX RISQUES Cette distribution inégale est souvent organisée d’après la race, le genre, l’expérience, une criminalisation antérieure, et d’autres facteurs. Cela a été le cas lors de tous les mouvements sociaux, des plus aux moins importants, des Droits Civiques et du mouvement ouvrier à Standing Rock et la Rébellion George Floyd. Ce fait n’a en aucun cas été une raison pour démobiliser, ni pour poursuivre exclusivement des actions imaginées comme complètement sûres ou également accessibles à toustes, ni pour choisir de ne pas agir du tout selon une prétendue solidarité avec les plus vulnérables. C’est plutôt une raison pour prendre des décisions réfléchies sur comment distribuer ce risque différentiel. Les personnes qui ne peuvent pas risquer d’être arrêtées ou ne peuvent pas participer à certaines actions peuvent contribuer aux efforts collectifs que nécessitent les mouvements. Toute lutte libératrice l’a pris en compte.
IL Y A DIFFÉRENTES APPROCHES A LA DISTRIBUTION DES RISQUES Nous avons pu voir des idées comme envoyer les blanc.he.s devant, envoyer les profs devant, envoyer les hommes devant – souvent basées sur la théorie que la police serait probablement moins répressive ou violente dans de telles confrontations, ou que ces personnes seraient mieux préparées à subir la répression étatique. Il y a eu des critiques correspondantes à chacune de ces approches les décrivant comme paternalistes, hiérarchiques, volontaristes, etc. Nous n’offrons aucune recommandation spécifique à votre groupe, mais faisons remarquer que c’est un sujet essentiel sur lequel il faut avoir des discussions ouvertes. S’il n’y a personne dans votre groupe qui est volontaire pour prendre ne serait-ce qu’une part des risques, ça va aussi ! Cela signifie cependant que vous avez décidé que d’autres personnes les prendront, ou que des actions conséquentes n’auront pas lieu.
RESPECTEZ LA TOLÉRANCE AU RISQUE DES AUTRES Les luttes politiques et les mouvements sociaux émergent souvent de communautés ayant une expérience prolongée des risques et de la répression. Cela peut mener à une aversion à la prise de risques ; comme cela peut tout aussi régulièrement mener à une disposition à l’action directe. Les mouvements anti-police fournissent peut-être l’exemple le plus évident de cela. Celleux qui sont les plus à risque sont souvent celleux qui sont les plus engagé·e·s dans la lutte révolutionnaire. Une solidarité avec de tels mouvements ne provient pas dans le fait d’assumer la position de managers des risques, mais de lutter à leurs côtés au meilleur de leurs capacités.
SI VOUS NE POUVEZ PAS PRENDRE DES RISQUES, VOUS POUVEZ SOUTENIR CELLE NÉCESSAIRE DES AUTRES Tout mouvement social sincère a fait une place centrale aux personnes qui sont les moins positionnées à prendre es risques ; il y a un travail tout aussi important à faire. Celui qui soutient les personnes qui sont les plus probables de subir les conséquences d’une prise de risque est crucial. Il inclut le travail de care, le travail reproductif, l’antirep, et bien plus.
RIEN N’EST A PLUS HAUT RISQUE QUE DE RETARDER LES CHOSE
Les risques seront simplement déplacés sur quelqu’un d’autre.