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Lien original : par la Conspiration des Cellules de Feu (CCF), via infokiosques
En anglais : The Sun Still Rises


Ce texte à été diffusé en premier en mai 2011, par les membres emprisonnés de la conspiration des cellules de feu en Grèce.


Traduction de l’anglais vers le français chaotique et désordonnée, surgissant du fond d’un bois et travaillée à la lueur d’une bougie. Dans tout les cas ça aura permis d’intenses discussions, réflexions, prises de tête et fous rires. Si t’as mieux, fais tourner, et si t’as d’autres textes on est preneures.Janvier 2017
joiedevivre (a) riseup.net


Remarques


1. Compagnon vs camarade

La traduction du terme « comrades » nous a posé question, puisque le « camarade » français est souvent utilisé dans le milieu communiste, à l’inverse de celui de « compagnon », qui rappelle plus les idées anarchistes. Néanmoins ce dernier mot ayant le fâcheux inconvénient d’être genré, nous avons préféré gardé le terme « compas ». Se référant donc a compagnons/compagnonnes mais sans préciser le genre des personnes.

2. Féminisation

L’anglais est une langue plus neutre que le français, nous ne connaissions donc pas l’envie des auteures sur le sujet, donc nous avons cherché des tournures de phrases non genrées, et quand c’était pas possible, avons parfois féminisé, et parfois non.

Au passage, on ne pense pas que dégenrer le langage suffise à détruire les genres, voire même à les attaquer. Néanmoins, il nous semble important que chaque mot dont le nouvel orthographe nous choque, rappelle que la norme de ce monde, c’est le patriarcat.

3. Sur la notion de révolution

Nous partageons beaucoup d’idées présentées dans ce texte, mais les allusions récurrentes à la révolution nous ont quand même fait grimacer : nous n’adhérons pas à cette idéologie : que ce soit l’intérêt supérieur à l’individu, le dogme impliquant attentes et sacrifices, ou le concept même de société post-révolutionnaire.

Nous ne voulons pas révolutionner la société : nous voulons détruire la civilisation et les rapports de pouvoir qui gangrènent les rapports personnels.

Diffuse, critique et propage avec complicité et rage
Bonne lecture !


« La connaissance choisi ses projets,
chaque projet est nouveau et choisi ses moments,
Chaque moment est nouveau, mais émerge simultanément
de la mémoire de tous les moments qui ont déjà existé. »

The Interior Of the Absolute

I – Le Commencement –

L’organisation révolutionnaire, conspiration des cellules de feu n’est pas sortie de nulle part. Ce n’est pas comme si une ligne droite avait été tirée a travers l’espace et le temps.

C’est un futur ressurgissant du passé.

La conspiration comprenait une synthèse collective connectant vécus et points de vues de toutes les personnes y ayant pris part et tirant des conclusions valables des expériences des projets subversifs passés et des attaques auxquelles nous participions.

Cela représentait une étape supplémentaire dans nos désirs, non pas pour grimper une quelconque échelle de la hiérarchie informelle fétichisant la violence et ses méthodes, mais simplement pour avancer, aller de l’avant et explorer de nouvelles perspectives, faire la transition d’un groupe d’ami à une organisation, du spontané au stratégique.

Durant ce processus nous portions une position critique envers le passé, mais ne dévions jamais de notre route vers l’offensive. Nous sommes les inadaptés de l’anarchie, nées de ses moments forts comme de ses temps morts. De plus le but de la critique ainsi que de l’autocritique n’est pas de mettre fin à quelque chose mais exactement le contraire : c’est une aspiration à se renouveler.

Le fait que nous ne soyons pas actuellement entrain de passer en revue tout nos torts ne signifie pas pour autant que nous soyons effrayés a l’idée de reconnaître nos erreurs. Pour autant nous pensons que ce genre d’examens est bien mieux mené avec du recul et les idées claires que à chaud sous le coup de l’impulsion.

À aucun moment de notre brève et intense histoire nous n’avons perdu de vue d’où nous venions. Nous sentions que nous avions découvert quelque chose que nous avions en commun avec les compas anarchistes qui avaient commencé la lutte avant nous, engagé dans leurs propres batailles, et qui bien qu’arrêtés et emprisonnées ne courbèrent jamais l’échine. Nous découvrions la passion sans compromis pour une révolution qui connecte des histoires et des réalités de luttes de différentes époques mais qui partagent des contextes de libération individuelle et collectives.

Dans ce contexte nous avons forgé notre propre alphabet, parlant le langage de l’action directe, nous réfléchissions souvent à l’idée de créer une structure organisée. En tant qu’anarchistes nous nous distancions souvent du concept d’organisation parce que nous l’assimilions à des concepts comme : la hiérarchies, les rôles, les spécialisations, les « tu dois » et les obligations. Cependant les mots acquièrent le sens que leurs donnent les gens qui les utilisent. En tant que conspiration des cellules de feu nous nous sommes battus pour que change le sens même de « organisation révolutionnaire anarchiste ».

II – De l’étincelle à la flamme –

Depuis le tout début, nous avons rejeté l’idée d’un modèle centralisé et choisit de collectiviser des initiatives individuelles pour créer le socle de notre organisation. Ce qui émergea durant ces rencontres organisationnelles était des problématiques de cohérences, consistances et de responsabilité individuelles et collectives ainsi que de l’action directe comme façon de transformer nos paroles en actes.

Lors des rencontres de groupes chaque compas avait l’opportunité de proposer un plan d’attaque. de là, s’ouvrait un débat sur la planification, le timing, les analyses politiques et les problèmes opérationnels posés par la localisation de la cible. Durant ces discussions il n’y avait aucune garantie de trouver un accord. Parfois, s’opposaient des arguments développés dans une dialectique forte, spécialement au sujet de la stratégie et de la temporalité. Très souvent il y avait plus d’une proposition. Nous devions donc choisir laquelle nous allions sélectionner et lesquelles nous allions garder en réserve pour une prochaine fois. C’était un processus qui nous permettait de s’ouvrir à d’autres points de vues, d’élargir nos horizons, d’apprendre des expériences des autres, de défendre vigoureusement nos opinions, de comprendre comment reconnaître nos erreurs, saisir le concept de porter quelque choses toutes ensemble, d’être conscient du besoin de stratégie et plus important que tout, créer des relations non pas au nom d’un but révolutionnaire professionnel mais basées sur l’amitié, une camaraderie sincère et une solidarité tangible.

Nous aimons ce que nous faisons car cela contient notre essence même.

De plus la « conspiration » ce n’est pas juste nous tous ensemble c’est aussi chacune de nous pris individuellement. Même dans les cas où il n’y avait pas de consensus sur une action précise, nous nous ne soumettions pas au concept démocratique de la majorité. A la place, la minorité qui insistait pour porter l’attaque prenait l’initiative autonome de la réaliser. Cela se déroulait en parallèle avec le reste du collectif qui les soutenait à des moments spécifiques si nécessaires, jouant un rôle spontané dans l’organisation globale. C’est pourquoi certains communiqués étaient signé par des groupes (faction nihiliste, commando souffle de terreur, unité de guérilla terroriste), qui ressortaient de chaque initiative séparée.

Durant la seconde phase, après avoir trouvé un accord, que ce soit avec le collectif entier ou en initiatives séparées nous planifions l’attaque. Chacun de nous apportait son savoir, les informations étaient collectées depuis les journaux, les magazines et internet. La zone où l’action devait avoir lieu était repérée et cartographiée, l’approche et le repli étaient planifiés (en évitant les caméras et checkpoints policiers), incluant des routes alternatives pour parer à l’inattendu et bien sur en gardant en tête l’éventualité d’une confrontation avec les porcs [1].

Il y avait aussi un groupe de soutien, des planques, des moyens de demander de l’aide, etc (dans un prochain manuel nous analyserons et expliquerons nos expériences relatives à la façon de mener à bien une attaque [2])

Durant la 3ème phase (qui n’était jamais très loin de la proposition initiale) nous travaillions à un texte de communiqué. Quand un sujet était suggéré (par exemple attaquer la police) le/la compas qui avait fait la proposition argumentait pour son contenu. Alors une discussion commençait, durant laquelle chaque personnes s’appropriait le concept, exprimait des désaccords, pointait des problèmes et proposait d’autre façon d’approcher le sujet.

Aussitôt que les débats finissaient, peu importe le nombre de rencontres nécessaire pour le finir, le collectif portait ensemble ses thèmes centraux. Les axes principaux qui avaient été soulevés étaient réunis. L’écriture d’un communiqué spécifique était habituellement portée par celleux qui portaient la responsabilité de l’attaque et une fois écrit nous le relisions ensemble pour y apporter des ajouts, corrections et touches finales. Si le communiqué était relié à une initiative séparée seule les personnes ayant pris part à l’action l’écrivaient.

Les compas de thesaloniki fonctionnaient de la même manière et quand nous collaborions en tant que ccf athènes-thessaloniki les compas des deux cités coordonnaient leurs actions sur le principe de camaraderie et d’aide mutuelle.

III – Tout le monde fait tout –

Bien sur nous sommes bien conscientes des dangers inhérent à chaque projet collectif aspirant à se nommer anti-autoritaire qui sous leur apparente informalité reproduisent des comportements de domination, nous pensons que le but du pouvoir c’est diviser. Pour éliminer la possibilité de l’émergence d’une hiérarchie informelle dans nos groupes, nous nous attaquons directement à la spécialisation et aux rôles dès lors qu’ils surgissent. Nous disons : tout le monde fait tout. Tout le monde peut apprendre comment voler des véhicules, fabriquer des fausses plaques, falsifier des cartes d’identités et documents officiels, exproprier des biens et de l’argent, s’entraîner au tir, utiliser des armes à feux et des explosifs.

C’était et continue d’être important pour nous que les techniques et méthodes utilisées lors des actions soient claires et relativement simples à obtenir et préparer, leurs permettant d’être propagées et utilisées par toutes les personnes qui décident de se joindre à la nouvelle guérilla urbaine. Cela inclus de l’essence, des jerrycans, des bonbonnes de gaz, des bougies et autres qui peuvent facilement être obtenus aux supermarchés. Mais aussi des systèmes de retardateurs improvisés qui — après les recherches appropriées dans les manuels techniques ou guides trouvables sur internet, plus une petite touche d’imagination — sont fabriquables par n’importe qui. Nous n’oublions certainement pas que même si tout le monde fait tout chaque personne a aussi des habilités propres et des inclinaisons personnelles et qu’il nous semblerait dommage de lisser toutes ces différences. Avec le désir et la compréhension mutuelle comme guide chacun de nous entreprend ce qu’il se sent le plus capable de faire.

Par exemple si une personne est bonne pilote, voleur plein de talents ou a un don pour l’écriture cela ne veut pas dire que leur potentiel doit être supprimé au nom d’une fausse homogénéité commune. C’était à chaque compas de décider si il voulait offrir ses capacités et méthodes à ses autres complices sans pour autant prendre leur place. Et c’est d’autant mieux si cela arrivait de la façon la plus large possible, sortant du contexte étroit du collectif et en facilitant l’accès à l’entièreté du courant anti-autoritaire. Par exemple à travers la publication de guides pratiques distribués par les compas d’Allemagne qui contenait un certain nombre de façons de fabriquer des engins explosifs. De plus nos actions ne nécessitaient jamais de rôles fixes et immuables (et sans avoir recours à la rotation des taches qui n’est pas sans nous rappeler l’horreur de l’exploitation salariale). Toutes les compas trouvaient un avantage dans cette fondation commune qui leur permettaient d’être capables d’exécuter toutes les taches à chaque instant de l’attaque. Le processus d’amélioration de nos habilités à utiliser du matériel et des techniques est un processus d’autoformation naturel et continu. A travers ces lignes nous voulons souligner à quel point il est crucial de développer simultanément les capacités opérationnelles d’un groupe et ses points de vues révolutionnaires. A aucun moment l’un ne devrait s’intensifier sans que l’autre ne fasse de même. Quand il y avait des taches particulières elles se limitaient à un plan spécifique et étaient réparties suivant les désirs des compas qui y prenaient part.

IV – Toute une vie de guérilla –

Nous avons toujours pensé qu’une organisation ne doit pas être nécessairement exclusive aux compas qui y prennent part, nos actions ne commencent ni ne finissent dans un contexte de groupe. Le groupe est un des moyens pour atteindre la révolution. Pas une fin en soi. Car quand les moyens deviennent leurs propres raisons d’être des maux commencent à apparaître : comme l’avant- gardisme, les partis armés, les vérités dogmatiques, … A travers la conspiration des cellules de feu, nous clamons ce en quoi nous croyons, ce que nous sommes et quels tendances nous représentons mais dans aucun cas nous ne sous entendons qu’il faille suivre une ligne directrice ou participer à nos groupes pour être reconnue comme compas.

De plus nous prenons aussi part aux processus extérieur à la conspiration comme rejoindre des campagnes d’actions coordonnées, participer à des assemblées, des marches et des manifestations, soutenir des actes de sabotages, coller des affiches et taguer des slogans. Mais nous n’avons jamais pensé qu’une action était supérieure à une autre. Car le polymorphisme de la guerre révolutionnaire consiste en un engagement ouvert et permanent qui n’a rien à voir avec un spectacle fétichisé (rejoindre la lutte armée est la seule chose qui compte) ou avec des conditions quantitatives à remplir (considérer la massification comme seul critère authentique pour la révolution).

Au contraire nous nous positionnons comme ennemis direct du « polymorphisme », des brèves de comptoirs, des speechs universitaires, des rôles de chefs et de suiveurs et de tout ces fossiles défenseur du dogmatisme et des habitudes ; qui sont des parasites du milieu anarchistes voulant seulement contrôler les jeunes compas, les saboter et les empêcher de créer leurs propres évolutions autonomes à travers un processus révolutionnaire.

Nous pensons que le concept de guérilla n’est une identité séparée, assumée uniquement quand nous engageons une attaque armée. De plus nous pensons qu’il est important de mettre en avant le privé comme le politique dans un contexte de libération totale. Nous ne sommes pas anarchistes uniquement quand nous lançons des cocktails molotov sur des cars de polices anti émeutes, participons à des expropriations, ou posons des engins explosifs. Nous sommes aussi anarchistes quand nous parlons à nos amis, prenons soin de nos complices, partageons de la joie et tombons amoureux. Nous ne sommes pas des soldats enrôlées dont le devoir est la révolution.

Nous sommes une guérilla de plaisir qui voit la connexion entre la rébellion et la vie comme un pré-requis pour passer à l’action. Nous ne croyons pas à une ligne de conduite irréprochable qu’il faudrait suivre à tout prix.

Durant ces deux dernières années, par exemple, de nouveaux groupes ont fréquemment parlé de braquages de banques comme une attaque contre le système en général. Leur communiqué et revendication sont une propagande puissante contre le travail, par les hold-up et expropriations frappant directement au cœur de la bête capitaliste dont le but est l’émancipation des huit heures d’esclavages salarial d’une part et l’obtention d’argent pour financer des projets révolutionnaires de l’autre part. Nous quittons les vieilles valeurs de la guérilla urbaine qui prenaient rarement position sur les braquages de banques. Nous pensons qu’il y maintenant une multitudes de nouvelles guérillas urbaines qui par des discours et pratiques s’opposent au travail de façon agressive aussi bien qu’à la prédation du système bancaire. Proposant l’expropriation armée comme un acte 6émancipateur et évidemment pas pour devenir riche.. Néanmoins nous ne considérons pas l’expropriation de banques comme un pré-requis pour participer à une nouvelle guerre de guérilla. Il y a une révolution mais il y a des milliers de façons de s’emparer de l’activité révolutionnaire.

D’autres compas peuvent choisir de porter des expropriations collectives de temples du consumérisme (supermarchés, centres commerciaux), pour reprendre individuellement ce qui nous a été « volé » et l’utiliser en fonction des besoins de chacun et par là même nous éviter d’avoir a dire : « bonjour patron » ou de prendre des ordres d’un supérieur. De plus cela participe à créer des liens profonds et à garder la conscience tranchante comme un couteau aiguisé pour la guerre qui finalement abolira toute forme de travail qui enrichit un patron et appauvri notre dignité. Nous ressentons la même chose au sujet du passage en clandestinité. La fétichisation de l’illégalisme ne nous inspire pas. Nous voulons que chacune agisse en accord avec ses besoins et désirs. Chaque choix à évidemment des avantages et des inconvénients. C’est vrai que quand un groupe choisi volontairement d’entrer en clandestinité (« disparaître » de l’environnement familial, amical, se procurer des faux papiers, etc) ça le protège certainement des yeux de l’ennemi. Mais en même temps leurs connexions sociales avec le milieu sont rompues et d’une certaine façon ils perdent leurs capacités même à communiquer. Bien sur la même chose ne s’applique pas si il y a des raisons objectives d’entrer en clandestinité (arrestation garantie ou tête mise a prix) dans ce cas elle devient le refuge qui permet aux personnes qui sont hors la loi de continuer à attaquer. Cela crée un besoin d’infrastructure de soutien parallèle. A la fois pour les groupes de guérilla eux mêmes que pour le milieu anti-autoritaire qui couvrirait la piste des compas recherchées.

Des prérequis pourraient être une certaine complicité et de la discrétion, des concepts qui sont fréquemment vu comme dépassés mais qui de notre avis devraient être remis au goût du jour. Si des compas d’un groupe de guérilla sont engagés dans une interaction régulière hors clandestinité – participant à des rencontres et processus prenant part au débat et créant des projets avec d’autres qui partagent des préoccupations communes – alors la nature hermétique des groupes de guérilla devrait être clairement protégée des oreilles indiscrètes et des grandes bouches. De plus l’attitude générale devrait être la discrétion afin d’empêcher que rumeurs assourdissantes deviennent des aimants pour les bâtards [3] des escadrons anti-terroriste.

Étant honnête avec nous même nous devons mentionner le fait que beaucoup d’entre nous on agit de façon totalement opposée à tout ce que nous venons de décrire, ce qui cumulé à des conduites dangereuses émanant du milieu anarchistes ont « mené » un nombre d’opération de police directement sur nous. Dans tous les cas l’autocritique est une base solide pour se développer soi même et fournir des explications, mais ce n’est pas l’objectif de ce texte nous y reviendrons plus tard.

V – La première phase de la conspiration et la proposition pour la nouvelle conspiration –

La guérilla s’est finalement échappée des pages des livres d’histoire, pour occuper la rue avec férocité. Parce que la guérilla urbaine n’offre pas d’utopie de liberté, elle donne accès à une liberté immédiate, qui permet à chaque personne de se définir elle même, et de s’émanciper de la passivité de cette société. Il y a maintenant tout autour de nous un grand bruit – celui, passionné, de la destruction qui se propage – résonnant avec les discours révolutionnaires qui suivent les explosions dirigées contre tout les symboles de la domination.

Une armada déterminée de groupes anarchistes a mis le feu à la tranquillité nocturne.

Des groupes avec des noms, qui reflètent le « menu » qu’ils réservent a la société (à athènes : comportements déviants pour la propagation du terrorisme, guerrier de l’abysse/complicité terroriste, conscience combattante révolutionnaire, formation Lambros Fountas guerrilla ; à thessaloniki : combattants du chaos, cellule de solidarité attaquante, cellule attaque incendiaire, comploteurs pour un désordre nocturne, cellule feu aux frontières, cellule conscience combative, cellule solidarité révolutionnaire, etc). Beaucoup de ces groupes ont aussi eu des relations avec un nouveau projet de libération internationale connu sous le nom de front révolutionnaire internationaliste / fédération anarchiste informelle (FAI-FRI).

Celleux d’entre nous qui ont pris des responsabilités en temps que membre de la conspiration des cellules de feu n’ont pas été intimidés par les douzaines d’années de prison que les tribunaux nous avaient réservé. D’ailleurs, nous sommes entrain de créer un collectif actif dans les prisons.

En ce qui nous concerne, la phase d’ouverture de la lutte est complétée. Pour autant, nous savons que rien n’est fini. La conspiration ne restera pas désarmée. Même en prison cela restera un engagement valide aussi bien qu’une proposition ouverte à des secteurs antagonistes de la métropole. La conspiration des cellules de feu à démontré qu’elle est un réseau de cellules, juste comme le suggère son nom. Actuellement nous ne sommes pas entrain d’essayer de passer en revue ses faits d’armes. Nous voulons simplement clarifier ses perspectives politiques.

Nous sentons que s’engager dans une nouvelle conspiration nous approchera d’autant plus de l’essence même du mot, donc nous ouvrons des possibilités pour faire des propositions pour une nouvelle conspiration, comprenant un réseau invisible et diffus de cellules qui n’ont pas de raison de se rencontrer en personne, mais qui, à travers leurs actions et discours se reconnaissent les unes les autres comme compas dans le même crime : la subversion de la loi et de l’ordre. Cette conspiration pourrait consister en individues et cellules qui agiraient, que cela soit de façon autonomes ou coordonnées (a travers des appels et communiqués) sans avoir besoin d’être en accord sur chaque position spécifique (par exemple le nihilisme, l’individualisme), cependant ils devraient être connectés sur la base de l’aide mutuelle, concentrée en 3 points.

Le premier point que nous proposons dans ce débat informel est l’accord sur le choix de l’action directe usant de toutes les méthodes possible pouvant endommager les infrastructures ennemies. Sans aucune hiérarchisation de méthode de violence, les compas peuvent choisir, du caillou à la kalashnikov. Dans tous les cas, l’action directe en elle même n’est qu’un fait divers, si elle n’est pas accompagnée d’un communiqué clamant les responsabilités de cellules ou d’individus qui y ont pris part, expliquant les raisons de l’attaque et propageant des discours révolutionnaires. Le stylo et le revolver sont fait du même métal. Ici notons que la conspiration de la période maintenant terminée n’a jamais ôté les méthodes incendiaires de son arsenal. Ça nous paraîtrait dommage si des jeunes compas pensaient que l’utilisation du nom de « conspiration » était conditionnée par l’utilisation de méthodes « supérieures » (explosif, par expl). La nouvelle guérilla urbaine dépend moins de modes opératoires que de la décision même d’attaquer le pouvoir.

Le second point d’accord est d’engager une guerre contre l’état en engageant simultanément une critique acerbe de la société. Depuis que nous sommes anarchistes révolutionnaires, nous ne parlons pas uniquement du malheur causé par le pouvoir et l’oligarchie régnante. Nous portons aussi une critique plus précise de la façon dont chaque opprimés accepte et propage les promesses de bonheur et de consumérisme promises par leur patron. Le fait que nous soyons en lutte contre l’état ne signifie pas que nous fermions les yeux sur les expressions complexes et diffuses de pouvoir régissant les rapports interpersonnels. Les discours anti-autoritaire altèrent et généralisent 8fréquemment les concepts comme l’état, soulageant ainsi le reste des gentes qui forment la société de leurs responsabilités. En faisant cela, ils créent un point de vue stérile qui traite des secteurs sociaux entiers comme sujets révolutionnaire, qu’ils soit appelés prolétaires ou opprimées, sans révéler la responsabilité individuelle que chacune de nous assume dans l’esclavage de sa propre vie.

L’état n’est pas une forteresse. Tu ne trouveras aucune porte qui t’amènerait à une quelconque sorte de machine qu’il te suffirait d’éteindre pour tout arrêter. L’état n’est pas un monstre que tu peux tuer avec un pieu dans le cœur. C’est quelque chose de tout à fais différent. Nous pourrions le comparer à un système : un réseau comprenant des milliers de machine et d’interrupteurs. Ce réseau ne s’impose pas de lui même à la société qu’il surplomberait. Il se diffuse à travers la société toute entière depuis l’intérieur de la société elle même. Il est même étendu aux sphères de la vie privée, régissant nos émotions à un niveau moléculaire. Il module les consciences, et est modelés par elles. Il connecte et uni la société, qui à son tour le nourrit et le sacralise dans un échange continu de valeurs et de normes. Dans ce jeu, il n’y a pas de spectateurs. Chacune de nous y joue un rôle actif.
— Costa Pappas, Il n’y a pas de retour en arrière

L’ennemi peut être trouvé dans chaque bouche qui parle le langage de la domination. Ce n’est pas exclusif à l’une ou l’autre des races ou classes sociale. Ce ne sont pas juste des bourgeois ventripotentes autoritaires en costume-cravate. C’est aussi le prolétaire qui aspire à être patron, l’opprimé qui crache le venin nationaliste, l’immigrante qui glorifie le mode de vie occidental mais se comporte comme un petit dictateur parmi son propre peuple, le prisonnier qui balance les autres aux matonnes, chaque mentalité qui accueille le pouvoir et chaque conscience qui le tolère.

Nous ne croyons pas à une idéologie de la victimisation, dans laquelle l’état porterait tous les tords. Les grands empires ne se sont pas uniquement construit sur l’oppression. Ils se sont aussi construit sur le consentement et les applaudissements de la masse réunie dans les arènes romaines intemporelles de chaque dictateur. Pour nous, le sujet révolutionnaire c’est chaque personne qui se libère elle même des obligations du présent, questionne l’ordre des choses et prend part à la quête criminelle de la liberté.

En temps que première phase de la conspiration, nous n’avons aucun intérêt à représenter qui que ce soit, et nous ne passons pas à l’action au nom d’une quelconque classe, ou comme défenseures des opprimés. Le sujet c’est nous, parce que chaque rebelle est un sujet révolutionnaire qui parle à la première personne, pour finalement construire un collectif authentique : « nous ».

Le troisième point d’accord de notre proposition concernant la formation d’une nouvelle conspiration est la solidarité révolutionnaire internationaliste. En réalité, notre désir de nous impliquer toutes entier pour créer des moments d’attaque sur l’ordre du monde peut nous coûter la vie, et envoyer beaucoup d’entre nous en prison. « nous » ne fait pas référence à la conspiration, ou à aucune autre conspiration, il fait référence à tous les personnes insurgées, qu’elles participent à un groupe de guérilla ou agissent individuellement sur leur propre chemin de liberté. En tant que première phase de la conspiration, notre désir et notre proposition pour chaque nouvelle cellule c’est que la force révolutionnaire qu’engendre la solidarité soit exprimée – une solidarité qui jaillisse au travers de textes, d’actions armées, d’attaques, de sabotages, pour parvenir jusqu’aux oreilles des compas emprisonnées ou persécutés, et ce peu importe la distance qu’il lui faille parcourir.

La solidarité dont nous parlons ne requiert pas une identification politique absolue avec les accusées. C’est simplement le sentiment partagé d’être du même coté de la barricade, que nous nous reconnaissons l’une l’autre dans la lutte, juste comme un autre couteau enfoncé jusqu’à la garde dans la gorge du pouvoir. De plus nous proposons aussi du soutien pour la fédération anarchiste informelle / front révolutionnaire international pour qu’elle puisse être — comme l’on montré nos compas en italie — un moteur de nos luttes.

A partir de ce point, toute personne qui est d’accord (évidemment sans avoir à s’identifier elle- même) avec ces 3 points que nous proposons pourra – si elle le souhaite utiliser le nom de conspiration des cellules de feu en connexion avec la cellule autonome dont elle fait partie.

Exactement comme les compas des pays bas, qui bien que nous nous ne connaissons pas personnellement mais avec qui nous partageons la même sensibilité entre le discours et la pratique ont attaqué les infrastructures de la domination (attaque incendiaire et cyber attaque contre la Rabobank) et l’ont revendiqué en temps que conspiration des cellules de feu (cellule néerlandaise).

Nous pensons qu’un réseau de telles cellules, évitant toutes structures centralisées peut être capable de dépasser de loin les limites de plans individuels en explorant les réelles possibilités d’une coordination révolutionnaire entre structures minoritaires autonomes. Ces structures – sans se connaître les unes les autres personnellement – seront en retour capable, chacune à leur tour d’organiser des campagnes d’incendies criminels et d’attaques à la bombe à travers toute la grèce et à un niveau international en communiquant à travers leurs revendications.

Comme nous vivons des temps de suspicion, nous devrions clarifier certaines choses. Les actions se revendiquant au nom de la conspiration des cellules de feu mais n’étant en accord avec aucun des points que nous avons énoncé et ne prenant pas les précautions nécessaires pour prévenir des dommages sur autre chose que les cibles des sabotages attireront définitivement notre méfiance, et seront suspectées d’avoir été montées de toutes pièces par l’état.

Revenant à notre proposition, l’anonymat, en ce qui concerne les contacts personnels renforcera la nature hermétique des cellules autonomes, rendant la tache plus difficile pour la police pour les « compromettre ». Même l’arrestation d’une cellule entière qui prend part à la conspiration des cellules de feu ne mènera pas les autorités aux autres cellules, évitant ainsi le tristement célèbre effet domino, que nous avons vécu.

Dans le passé, le fait que nous, compas de la première phase n’avons peut-être pas été impliquées dans certains incidents ne nous a pas empêché d’exprimer publiquement notre soutien ou notre critique, et la même chose s’applique à présent si des compas décident d’utiliser le nom de l’organisation. Sans avoir besoin de se connaître, à travers les communiqués qui accompagnent les attaques, nous pouvons commencer un débat ouvert sur des réflexions et problèmes qui, même s’ils sont vus de différentes perspectives sont sans doute axés sur une même direction : la révolution.

Par conséquent, nous, compas de la première phase, assumons maintenant la responsabilité des discours que nous produisons à l’intérieur de la prison, signant en temps de conspiration des cellules de feu, suivi de nos noms.

La nouvelle conspiration devra maintenir et sauvegarder son indépendance en écrivant sa propre histoire de lutte. Cette façon de faire connectera sûrement les points sur la carte de la rébellion, les reliant les unes les autres vers la destination finale qu’ est la révolution.

VI – l’épilogue reste encore à écrire.

A travers nos actions, nous propageons une révolution qui nous touche directement tout en contribuant à la destruction de cette société bourgeoise. Le but n’est pas simplement d’abattre les idoles du pouvoir, mais aussi de bouleverser radicalement les idées de plaisir matérialiste et d’espoir qui se nichent en son sein. Nous savons que notre quête nous connecte à plein d’autres personnes autour du monde, et via ce pamphlet nous voulons leur envoyer nos pensées les plus chaleureuses : la conspiration des cellules de feu aux pays-bas, la FAI en italie, la cellule autonome Praxedis g. pour la révolution immédiate, l’ELF/ALF au mexique, l’ELF en russie, aux anarchistes à bristol, en argentine et turquie, le gruppen autonome en allemagne, le commando vengeance 8 septembre au chili, les compas en suisse, pologne, espagne et londres, et à quiconque que nous avons oublié, et partout où le rejet de ce monde fleuri.

Ce texte n’a pas d’épilogue, parce que la praxis continuera toujours à se nourrir et se transformer elle-même. Nous faisons juste un arrêt rapide, concluant avec quelques mots anonymes :

C’est un moment étonnant quand l’attaque contre l’ordre du monde se met en place. Même au début, même si c’était presque imperceptible – nous savions déjà que très bientôt, peut importe ce qui arriverait, plus rien ne serait comme avant. C’est une charge qui démarre lentement pour prendre de la vitesse et de la puissance, passe le point de non retour et fait détonner ce qui, fut un temps, nous paraissait imprenable – si solide et protégé – , mais pourtant destiné à s’effondrer, démoli par les conflits et le désordre…

Sur ce chemin qui est le notre, beaucoup d’entre nous ont été tués ou arrêtées et certaines sont toujours entre les mains ennemies. D’autres, ayant déserté la bataille, ou étant blessés, ne réapparurent plus jamais. Certains autres manquèrent de courage, et battirent en retraite. Mais je dois dire que notre groupe n’a jamais faibli, même quand il a du faire face au cœur même de la destruction.

Conspiration des Cellules de Feu

Gerasimos Tsakalos
Olga Economidou
Haris Hatzimichelakis
Christos Tsakalos
Giorgos Nikolopoulos
Michalis Nikolopoulos
Damiano Bolano
Panayiotis Argyrou
Giorgos Polydoras

 

[1] Nous ne soutenons pas l’usage du terme porcs pour désigner la police que nous méprisons,nous avons par contre nettement plus d’estime pour les cochons !

[2] Si une personne a connaissance dudit manuel (si il existe déjà) nous sommes intéressées !

[3] On aime pas trop l’usage du terme bâtards comme insulte. En effet on est fiers d’être des bâtards nées hors mariages et contre l’idée de pureté et de famille !