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Lien original : lundi matin
Jeudi 29 juin, se tenait à Nanterre une marche blanche en solidarité avec Nahel, abattu par la police. L’un de nos reporters raconte ici l’explosion qui s’en est suivie et s’est poursuivie jusque dans le coeur de Paris, toute la nuit.
« Tout l’monde a sa bande, c’est chacun sa mère. Mais si tu touches à l’un de nous on réunit nos bandes pour te monter en l’air »
Jul, Temps d’avant
« En réclamant la négation de la propriété privée le prolétariat ne fait qu’élever en principe de la société ce que la société a posé en principe pour lui. »
Karl Marx, Contribution à la critique du droit politique hégélien
La foule est compacte. Les gens se pressent autour du camion de location où se tiennent Mounia, la mère de Nahel et ses proches. Autour, des motards occupent les trottoirs et font vrombir les moteurs. Il fait chaud. Nous arrivons au niveau du palais de la soi-disant justice. L’architecture change. L’ambiance aussi. Les rues ombragées et entourées d’habitations laissent place à des blocs de verre opaque, un rond-point et un gigantesque drapeau français. Ici la République veut se faire bien voir. Aujourd’hui, elle à l’air de se dénoncer elle-même. Des groupes traversent les terre-plein d’herbes hautes et filent entre les fleurs de carottes sauvages.
Soudain, Place des Droits de l’Homme – on a écrit « askip » sur le panneau – ça part en vrille. Les policiers sont attaqués à un angle, ils reculent. Le style c’est : torses nus, cagoules de t-shirts, sacoches. Nous sommes sur une petite butte à un embranchement du périph’. Les flics tiennent la place mais n’avancent plus. Le vent renvoie le gaz dans leur direction. Puis quelqu’un dit « on nique tout ». L’idée est prise au pied de la lettre. Pendant 20 minutes tout est arraché, panneaux, arbres, cailloux, barrières. En l’espace de quelques secondes un chantier est transformé en barricade. Un type ouvre un garage, récupère un sceau pour taper dans les vitres. Un autre, une pelle. Durant de longues minutes les gens s’acharnent sur les tôles de la bretelle autoroutière. Puis, dans la rue toutes les vitres accessibles sont brisées à coup de pied. Quelqu’un donne des coups d’extincteur. La porte de la banque s’ouvre dans des petits nuages de fumée. Les dossiers volent dans le vent, les vitrines continuent de s’effondrer.
Finalement la police avance, nous repousse vers le haut. Nous courons entre les buissons et les vitrines qui éclatent. Flashball. Une voiture sur le toit est en feu, une Porsche Cayenne retournée devient barricade. Dans le bordel, des scooters et des motos tournent dans tous les sens comme des guêpes affolées. Nous demandons à des gens du coin, une rapide mise à jour géographique : par où s’enfuir ? Ils nous disent par-là, le parc puis Picasso, le point de rendez-vous.
Nous sommes repoussés jusqu’au parc par des charges de bâtards. La famille continue le tour de la ville en camion, les jeunes tiennent le parc comme une ZAD. Quelqu’un dit « c’est Athéna 2 ». Un homme à l’arrière d’une motocross exhorte la foule depuis une petite colline. Les flics essayent de prendre l’entrée du parc, longue bataille pour l’entrée du parc. Lacrymogènes, grenades. Des petits sont cachés dans les bosquets. Nous sommes sur une des buttes qui domine l’entrée. Depuis là, les grands disent « masquez vos visages ». Deux hélicos tournent dans le ciel. Dernière charge pour l’entrée du parc. Les premières lignes sautent par-dessus les barrières, par-dessus les buissons. Belles figures de vol plané pour échapper aux flics. Ceux cachés sous les arbres se marrent. Derrière, des gens cagoulés sont accroupis dans le gazon. Des pelleteuses sont incendiées.
Groupes à l’affût dans le sous-bois. On se saisit de tout ce qui peut être arraché et balancé. C’est une tornade de matériaux qui s’abat sur les CRS : bois, pierres, feux, fusées. Une rumeur circule : la BRI vient d’arriver à Nanterre. On ouvre un manège, tout le monde se rue dedans. Quelqu’un actionne le truc qui fait tourner les jouets. Moment de liesse à l’intérieur. Des dizaines d’émeutiers sautent et crient comme des fous en mettant le petit poney rose en Y. Puis un type dit « tout le monde dehors, on va l’incendier », tout le monde écoute, fin de la récré. Le kiosque aux bâches rouges brûle d’un coup, immense fumée noire.
Course poursuite dans les collines, sur le chemin les poteaux brûlent. Nous sommes repoussés jusqu’à l’entrée de Picasso. Des immeubles en mode cheminées d’usine. D’immenses tours cylindriques aux couleurs pastel avec des fenêtres comme des hublots. L’architecte qui à pensé cet ensemble est un malade. L’élu qui a décidé de l’appeler Picasso est un cynique. De la cité on nous ramène des projectiles dans des caddies. L’un d’entre eux est rempli d’extincteurs. Une ligne avec des petits blocs de fumée blanche, jaune, grise qui forment finalement un nuage. Sans un bruit les gens se mettent à courir derrière, pluie de pierres, la police aveuglée et caillassée est repoussée plus loin.
« Attendez ce soir les gars ». Un calme sous surveillance s’installe. « Attends la nuit, attends ». Nous traversons Picasso. Derrière les plus hautes tours de la cité, des énormes cubes vitrés menaçants : la Défense. « Pourquoi on attaque pas la Défense ? » Bout de périph’, escaliers, passerelles en tube, tours d’entreprises. Nous traversons les dédales du labyrinthe à la recherche du RER, dépassons les frontières invisibles et urbanistiques qui séparent le centre financier de la cité de Nahel. Nous nous fondons dans une autre foule, indifférente et commerçante. Nous rentrons à Paris, direction le quartier.
* **La nuit tombe sur le nord-est de Paris. Nous sommes dans notre immeuble – avec peut-être l’idée de rejoindre une banlieue proche. Mais un feu coupe la rue adjacente. On se rejoint alors à ce croisement que nous connaissons très bien. Quelqu’un dispose des poubelles adroitement et y met le feu. Puis, méthodiquement, brise du verre sur la route. Le croisement donne sur la rue x qui donne sur la cité x. Des feux sont allumés sur toute la longueur de la route. Plaisir de voir nos rues s’embraser. Plusieurs feux de poubelles en amont et en aval protègent l’accès à x. Quelques artifices sont tirés en l’air par un jeune homme cagoulé. Il est 23h, un cri : « ça commence, allez on y va là ».
Un homme âgé, bras croisés sur le torse, approuve ce qu’il se passe. Un mec en costume descend de sa mini, il voudrait passer. L’artisan incendiaire lui dit « désolé mais là on peut pas laisser passer. Vraiment désolé monsieur, faudra faire le tour ». L’autre est insistant « Tu vas pas brûler ma voiture, tu as quel âge ? » nous nous approchons, « 22 ans ». Nous lui disons de bouger et de nous foutre la paix, « ciao le paternaliste » dit l’un d’entre nous. « Merci frérot, pour la cause, t’es un bon ». Le vieil homme nous dit « eh le cravaté, il se prend pour qui ? ». À l’entrée de la cité, les gens se tiennent prêts. Un groupe jette aux autres « vous voulez faire la guerre, assumez wesh ». Des très jeunes passent à deux sur une trottinette, « alors les flocos ? » Mortier en main, ils attendent la police. Nous décidons de rester près d’eux. Ils ont l’air chauds et l’un d’entre nous les connait bien.
Un camion de police arrive du coté gauche et traverse les barricades en feux, d’un coup, jusqu’à l’entrée en chargeant sur les gens postés. A droite, débarquent plusieurs unités. Ils ne sont pas nombreux, ils ont l’air de sortir des bureaux et de mettre un casque pour la première fois. Manque d’effectifs. La cité est assiégée mais très vite la police s’en va sous les hourras et les tirs de mortier. Rumeur : toutes les cités de France s’organisent, ils sont débordés.
Nous trainons aux alentours. Quelques rues plus bas la cité de Y aussi est en feu, une voiture retournée brûle doucement devant l’entrée. Plus loin nous entendons des feux d’artifices, la cité de z doit également s’être soulevée. Une autre géographie se dessine sous nos yeux : celle des cités du quartier avec leurs bouches, leurs bandes, leur révolte. Dans plusieurs rues la lumière est éteinte. Quelques unités tournent et parfois s’approchent : elles illuminent les immeubles avec leurs lampes et repartent sous les huées et les tirs d’artifices.
Dernière tentative d’intervention à la cité de X : un camion solitaire approche, passe quelques barricades, des flics apeurés descendent, essuient un feu constant, un artifice entre dans le véhicule, ils se replient contre un mur, re-rentrent dans leur véhicule et disparaissent. En remontant, le camion nous prend pour cible – on dirait un véhicule fantôme. Ils n’osent plus descendre. Nous remontons la rue en courant comme des malades poursuivis par des keufs fantomatiques. Autour de nous les artifices éclatent dans un vacarme assourdissant, « frère vise mieux ». Nous nous échappons grâce à une des multiples petite rues de traverse.
Nous retournons au carrefour, à la cité X. Tout est calme, les feux sont alimentés et montent en hauteur. Lorsqu’un camion de keuf se pointe, il se fait allumer. Tout le monde attend que les keufs se ramènent, c’est la cible numéro une. Mais ils ne viennent plus. Une daronne en chemise de nuit avec son mari observe la scène avec une joie non dissimulée. Elle dit « attends on va les appeler ». les jeunes répondent « oui oui » en se marrant et ils appellent ensemble. Mais le standard est surchargé et personne ne vient.
Les rues sont à nous. Le pillage commence, de proche en proche. Aldi, Auchan, Monoprix, Picard, tout est ouvert. D’abord les supermarchés, puis les tabacs et finalement les pharmacies. Fin de la propriété pour la nuit. C’est la fête de l’impunité et pourtant seuls les symboles capitalistes sont pris pour cible, étonnant non ? Des grands de la cité passent en caisse, les guetteurs leur donnent des Poliakov par la portière. Quelqu’un ramène un sac de bonbons à partager. Le pillage est graduel : d’abord l’alcool, des bouteilles sortent du magasin, whisky, vodka et champagne. Puis des sacs de plus en plus gros. On jette avec dédain des bouteilles à 100 balles dans le feu pour attiser les flammes. On sort de la bouffe : chacun son petit plaisir, Nutella B-ready ou Oréo. Puis des sœurs passent et vont « faire les courses ». Elles se cachent le visage avec un foulard et entrent par la vitre éventrée. Là, les marchandises sont à portée de mains. Les rayons éteints, accessibles, gratuits. Une aubergine gît sur le sol. Après des heures de pillage le magasin semble encore plein.
Des petits cagoulés s’enfuient, un paquet de lessive sous le bras. C’est fou, tout le monde veut de la lessive. Pendant des heures des silhouettes furtives sortent du trou. Le spectacle est euphorique. Des sacs toujours plus gros et plus improbables : des sacs de sports, des sacs-poubelle, des paniers. D’un sac comme une hotte de père noël s’échappe le bruit des bouteilles entrechoquées. Une meuf passe avec un caddie rempli entre deux feux de chaises. Pack de limonade porté à une main, packs de bière ouverts au milieu de la route. « On fait le tabac ? », un groupe part dans la nuit. Quelqu’un trouve des colis et les distribue. L’un découvre un gilet pare-balles qu’il enfile immédiatement avant de reprendre son poste sur la barricade. L’autre, surpris, découvre un godemichet qui provoque l’hilarité de tous. « Et la pharmacie ? » Demande quelqu’un, quelques secondes plus tard un groupe l’ouvre à coups de pied « pour les médocs ».
3h. Les capitalistes doivent enrager, les riverains doutent au fond de leur lit, les voisins n’osent pas sortir, mais ne dorment pas – ils regardent à la fenêtre. Plus personne n’ose venir. Peu de bruits si ce n’est des explosions d’artifices de ci de là. Toute arrivée est suspecte – amie ou ennemie. Un moment on a cru à une descente mais c’était une bande en scooter. Leur arrivée provoque une petite fête. Feux d’artifices, bouteilles échangées, 360, pneus qui chauffent et le groupe s’en va. Plus tard c’est un groupe à pieds qui est aperçu en bas des immeubles, keufs ? Non ce sont les gars de la cité Z qui viennent nous rendre visite. Dans la rue désertée et éteinte, 20 personnes en noir, cagoulées, marchent des talkie-walkie autour du cou et des mortiers sur l’épaule, portés comme des fusils. Tard dans la nuit c’est un convoi de 10 voitures qui arrive en klaxonnant ; les tireurs de mortiers sont prêts, mais ce ne sont pas des flics. Les gens se garent, échangent, ouvrent les coffres, les remplissent et s’en vont.
4h. Une voiture de BACeux hilares passe, ils prennent des photos et repartent. Plus un bruit, le gros s’est dispersé. Nous quittons la cité, incrédules. D’autres petits groupes rentrent les bras pleins. Un sac est abandonné sur le sol, à l’intérieur : des pizzas surgelées, un paquet de lessive, du PAIC citron, des glaces Häagen-Dazs et du papier toilette. Nous prenons des glaces fondantes. Dans un bâtiment proche du nôtre un jeune homme cagoulé derrière une grille mange une glace en silence. Nous nous sourions. « Aller, à demain. »
Nous poussons par curiosité jusqu’à la cité W. Nous sommes surpris de voir que partout, absolument partout dans le quartier, se passe la même chose que ce que nous venons de vivre. Nous arrivons sur la place où un commerce entier part en flammes. Une épaisse fumée grimpe sur la tour, menacée par l’incendie. Les habitants sont dehors en pyjamas. Ils se frottent les yeux, des enfants dorment dans le hall. Autour, les commerces sont éventrés. Une autre bande tient le carrefour. Chaque cité a sa zone d’influence. Les pompiers arrivent suivis d’un escadron de CRS.
Les flics se glissent discrètement le long d’une tour. Un feu nourri les attend. Pendant 30 longues minutes ils vont essuyer des tirs continus d’artifices. Ils sont stoppés et se cramponnent à leur bouclier collés le dos au mur. La bande qui tient le carrefour a mauvaise réputation. Les gens dehors disent qu’ils ne laissent passer personne. Une camarade me dit qu’ils sont très suspicieux. Alors qu’elle voulait rentrer chez elle, ils lui ont dit : « on connaît tout le monde t’es qui toi ? c’est quoi ton adresse ? ». Repoussés par les flics nous devons descendre une rue et nous mêler. Les jeunes ont l’air vénères, ils s’en prennent à quelqu’un : « tu fais quoi ? Attaque les flics ou rentre chez toi, on veut pas de spectateurs, t’as cru c’était un film d’action ou quoi ? ».
Nous remontons une rue parallèle plongée dans l’obscurité où nous retrouvons des gens de X, une d’entre nous dit « il faut faire une barricade pour protéger ceux de W » les autres sont d’accord : « protégeons leurs arrières », des poubelles sont enflammées en travers de la route. Les poubelles que nous sommes en train de brûler sont celles de potes à nous qui doivent essayer de dormir à cette heure. Mais les mortiers ne se taisent pas. Dans tout le quartier les explosions résonnent, les couleurs envahissent le ciel, rouge, vert, bleue, jaune, dorée, rouge, vert, dorée. Quelqu’un me dit « Wesh à w ils ont la foudre », je réponds : « ils ont le ciel avec eux ».
Le matin sur la place, les gens prennent en photo les commerces détruits et visitent le Monoprix dévasté. Tout le monde se remet d’une nuit agitée. Le matin est l’heure des chouineurs de gauche, des réacs et des « oh non, le pauvre petit fromager ».
* **Jusque dans notre camp, il y a des gens qui ne comprennent pas cette révolte, qui ne savent pas comment se rapporter à la situation ; sans parler de l’extrême gauche et de la gauche institutionnelle qui sont bien évidement dans les choux.
Nous sommes un peu sans voix face à ça : c’est-à-dire qu’une révolte ça se vit. Ce qu’on peut dire c’est que la police dans ce pays ne connait pas de limites. Le policier qui a tué Nahel avait été décoré pour sa bravoure au combat… contre les Gilets Jaunes. Aujourd’hui il est écroué et on parle de cette affaire sérieusement. Ce qui est déjà une victoire, étant donné les nombreux assassinats silencieux des dernières années. Il faut continuer ce mouvement, que le gouvernement lâche sa police.
Car, comme le gouvernement et les capitalistes ne parviennent à gouverner que grâce à elle, la police joue les maitres chanteurs à coup de communiqués factieux. Rappelons-nous le vieil adage : « Qui nous protégera de la police ? » Les jeunes qui sont dans la rue, par leur démonstration de force, nous rappellent que ce qui nous protège de la police, c’est l’autodéfense populaire. Les jeunes des quartiers l’ont prouvé ce jeudi 29 Juin : si des bandes s’organisent simultanément elles peuvent mettre en échec la police, au moins pendant une nuit. Ce rappel, au cœur de l’époque désastreuse que nous vivons, est aussi joyeux que nécessaire.
Autre leçon à tirer de cette force : les jeunes ont pu mettre en échec 40 000 policiers uniquement car ils se basent sur des forces préexistantes, qui surpassent la question logistique, et qui peuvent se résumer ainsi : communauté, territoire, organisation. Il ne faut pas croire aux pleurnicheries des uns et des autres : la révolte qui gronde est largement soutenue dans les quartiers populaires. Si les moyens employés par les jeunes sont mis en doute, l’apparition d’une révolte après ce meurtre ne l’est pas. Les jeunes qui sont dans la rue, ne sont pas spécialement des délinquants, et s’ils affrontent si courageusement la police c’est aussi car ils s’identifient tous à Nahel. Quel sens y a t-il à vivre dans un « Pacte Républicain » qui autorise la mise à mort de l’un des leurs ?
Il ne faut pas se laisser impressionner par les discours fascistes ou le déploiement spectaculaire des forces armées, il faut soutenir le mouvement de révolte. Dépolitiser la révolte en cours ne permettra pas de s’en sortir, au contraire, en plus de donner raison aux chiens de garde du pouvoir cela isolera les émeutiers et les poussera d’autant plus vers un nihilisme, celui qui fait si peur aux gens bien mis. Pour celles et ceux qui ont des doutes sur les cibles ou les moyens utilisés, qu’ils aillent défendre leur point de vue dans la rue, en confrontation directe avec les émeutiers, en dialogue avec eux et qu’ils proposent des choses concrètes. Rien à dire de particulier sur le pillage. Le pillage consiste à supprimer la violence de la ségrégation économique. Les émeutiers veulent attirer la police, s’amuser, accéder à ce qui leur est dérobé au quotidien : ils ciblent bien naturellement la marchandise.
Signé X
Photos : Tulyppe et Cerveaux non disponibles