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Lien original : Le cri du dodo
« Le capitalisme moderne est sage. Il se sait plus prospère quand il fonctionne avec des institutions « démocratiques », qu’il envoie le peuple élire ses propres représentants sur les bancs des assemblées législatives et qu’il le fait même voter […]. Les dirigeants capitalistes ne se soucient ni du fonctionnement, ni du résultats des élections, peu leur importe […] qui l’emporte. Quelle différence à leurs yeux ? Quel que soit celui que tu éliras, il agira de toute façon en faveur de « l’ordre public », pour maintenir le système en l’état. Le principal souci des autorités en place est que le peuple continue de faire confiance au système existant et de le soutenir. »
Alexander Berkman
L’abstention n’est qu’un signe
De la télévision à la radio en passant par quelques journalistes tous azimuts, on s’est plût dans les mois précédents les dernières élections (présidentielles et législatives), à raconter encore que la « démocratie est malade ». Chaque tête de gondole politique et médiatique y est allée de son petit mot pour en expliquer les raisons et tenter de proposer son remède. Sa maladie, c’est son désaveux. Cette abstention qui « s’invite » et grandit. Le sermon du politicien, de concours avec le prof d’E.C.J.S et le présentateur télé pourrait se résumer à quelque chose comme « Votez ! Votez ! Il en sortira toujours quelque chose ». Si il y a une chose qui réconcilie tout le spectre politique, des plus gauchistes aux plus fascistes, c’est l’idée qu’il faudrait l’en « guérir » à tout prix. Mais pourquoi ferait on une chose pareille ?
Tordons aussi le cou à cette « tradition libertaire » périmée qui consiste à présenter l’abstention (le simple fait de ne pas aller voter) comme le geste suprême de la négativité radicale en termes de démocratie et d’élections. Ne pas aller voter est une attitude aussi passive et résignée que d’aller voter, et n’exprime pas forcément une conviction ou même une réelle opinion. Et les « campagnes abstentionnistes » sont devenus un rituel qui, calquées sur l’agenda du pouvoir, ne ressemblent que trop à toutes les autres campagnes politiques. On devrait plutôt regarder la progression de l’abstention (notamment chez les plus pauvres… car la majorité ne vote pas) comme le signe d’un désintérêt général des exploités pour la mascarade démocratique, et une bonne occasion de s’en réjouir. Du reste, beaucoup de gens s’en vont voter sans grande conviction, avec le même désintérêt et le même vague à l’âme que l’abstentionniste qui guette les résultats avec un air désabusé. Le même mécanisme stérile qui envoie les foules voter pour n’importe quoi pourvu qu’elle vote produit le type d’humain de son époque : replié sur lui-même, ses faux intérêts et ses peurs absurdes, sans rêve et sans passion pour son monde, consommateur compulsif à crédit, exploité endetté et obsédé par une fausse identité de « classe moyenne » à laquelle il n’appartient même pas.
C’est de ce système là dont l’abstention est un signe.
Un signe qu’il ne fonctionne pas, ou de plus en plus mal.
Ni plus, ni moins. L’abstention est plus une conséquence qu’un geste premier. Elle n’est d’ailleurs pas le seul geste possible. De nombreuses façons de s’opposer aux élections en tant que système se sont manifestées depuis quelques années de manière récurrente et croissante ici comme ailleurs. Du graffiti à la graisse fondue dans les urnes ou d’autres sabotages en passant par les divers rassemblements anti-électoraux, voir des manifestations spontanées et départ de grèves sauvages et occupations de facultés ayant suivies l’élection de mai 2007, et de l’expression notoire du rejet du résultat des urnes. C’est d’ailleurs ce rejet en actes de la légitimité représentative qui a constitué pour la bourgeoisie et ses médias le plus insupportable scandale, bien plus que la simple abstention que certains défendent même comme un acte politique, sorte de droit de retrait envisagé de manière purement individuelle et isolée.
De là à une critique de la légitimité de tout système de représentation, il n’y a qu’un pas à franchir…
Comme tout les cinq ans désormais, c’est reparti pour un tour. En attendant le suivant.
La grande mascarade démocratique s’est mise en branle à quelques jours des élections présidentielles. Des milliers de fidèles ont été pressés de s’amasser dans les offices, et de rentrer dans le confessionnal de l’isoloir pour en ressortir à destination de l’urne, autel sacré du grand rituel électoral. Mais il y a quelque chose de palpable. 2012 n’était ni 2002 ni 2007, et pourtant le même désintérêt y est palpable. La démocratie semble ne plus mobiliser autant qu’autrefois, ou plus de la même manière.
L’ambiance de crise que les socio-démocrates ont tant et aussi bien cultivée que les autres, et les révoltes et explosions collective de rage -contre des conditions de vie toujours plus dégradées- de plus en plus fréquentes en Europe et dans le monde ces dernières années ne sont pas sans perturber le rituel fondamental du pouvoir. Révoltes en Grande Bretagne suite aux meurtres de la police, émeutes géantes et grèves générales suite au vote du plan d’austérité en Grèce, grève générale incendiaire en Espagne, et ainsi de suite depuis déjà quelques années. Et voilà qu’ici chez les plus libéraux, on accuse le sort et on critique les dérives de « la finance », rejoignant ainsi la rhétorique fascisante et populiste traditionnelle, et à gauche, on prétend se réinventer une identité révolutionnaire de bande dessinée avec rassemblements sur la place publique, drapeaux au vent, poings levés et incantations du « peuple ». On ne sait plus trop comment intégrer et récupérer la colère montante et le rejet même de la démocratie. Mais la farce ne prend pas ou peu. Comme d’habitude, nulle part la masse n’est appelée à se comporter autrement que comme une foule de suivistes en colère ou joyeuse, indignée ou enthousiaste mais toujours prête à adorer la première idole venue.
Comment penser une perspective anarchiste, ou même révolutionnaire sans se poser la question de savoir ce qu’est précisément ce système et quelles mécaniques il convoque, quels sentiments il mobilise, et quel sens il s’attribue ?
Qu’est-ce que la démocratie ?
A bien des égards, la démocratie est universellement considérée comme une idée politique sacrée. En fait, il n’est pas exagéré de dire que la démocratie est devenue une religion séculaire. Au delà de la seule révolution française, elle a son mythe originel : les grandes réformes de la grèce antique qui instituèrent la communauté politique sur la base de la limitation de la propriété, en clair, la naissance d’une forme antique de « bourgeoisie » (même si le terme est anachronique), une classe urbaine aisée composée d’artisans et d’armateurs, intermédiaire à la noblesse et qui lui disputa son monopole dans la propriété, et qui n’était pas encore la classe dominante d’aujourd’hui mais portait déjà en germes la démocratie comme projet politique de domination de classe. Mais cette classe urbaine aisée de la grèce antique reposait déjà sur le système de la propriété (auquel elle a accédé) et du travail forcé (l’esclavage) auquel elle échappait et duquel elle jouissait du fait de son statut. La démocratie moderne a aujourd’hui sa philosophie, quelques bibles, ses diverses interprétations, ses moments de communion, ses fêtes et ses idoles, ses démons, ses martyrs et même ses croisés. En effet, on part en guerre pour elle (« défendre la démocratie dans le monde »), on s’invente des diables pour la défendre (« le chaos et les terroristes menacent la démocratie ! »). On implore aveuglement sa participation (« peu importe pour qui tu votes, l’important, c’est de voter »). Plus généralement, la remettre en question est presque devenu un tabou. Quiconque critique les principes de la démocratie sera vite comparé à un nazi, ou à un islamiste (même lorsque de nombreux régimes fascistes, théologiques ou autoritaires ont été élus et continuent d’être défendus avec une rhétorique démocratique).
Et cette religion a aussi ses mythes. La démocratie, qui tend à devenir le système politique dominant dans le monde, se fissure partout et semble néanmoins toujours prêt à imploser sous ses contradictions. Le terme même indique par l’oxymore l’absurdité mensongère de sa proposition : comment le « peuple » (demos) peut il se « diriger lui-même » en s’administrant son propre pouvoir (kratia) ? La démocratie ne consiste pas à se « gouverner soi-même » de manière individuelle et collective (c’est à dire décider soi-même du sens de sa vie en libre association avec les autres individus) puisqu’une telle proposition exclue de fait le pouvoir et le principe de « souveraineté ». Elle consiste à déléguer la gestion des affaires « privées et publiques » (individuelles et collectives) au gouvernement, à ses élus, et donc à l’Etat et à ses lois et ses institutions, et conséquemment à justifier la nécessité de gérer un peu tout et rien. Gérer la délégation de pouvoir, de manière institutionnelle ou diffuse, dans la production, au travail, ou dans la vie quotidienne en général.
Cette délégation prend des formes multiples : la gestion des plus petites affaires publiques, la gestion de tout les conflits (par la police et la justice), le moindre « problème social » pris en charge par une administration (même si elle n’y résoudra rien), etc. Son objectif n’est d’ailleurs pas de « régler » les problèmes, mais simplement de les gérer, de les administrer, de les déplacer et conséquemment de créer une dépendance vis à vis des institutions démocratiques : en bref, légitimer le contrôle et légitimer l’institution. Les projets de loi et les réformes fonctionnent aussi souvent sur le mode de la « crise » à gérer. On invente, ou on saisit un prétexte tel qu’un fait divers ou une situation nationale ou internationale temporaire ou pérenne pour la transformer en « crise » qui doit être gérée. La « crise » du logement, la « crise » de l’immigration, la « crise » du système des retraites, la « crise » financière, etc…
La démocratie elle-même, en france plus qu’ailleurs sans doutes, est le produit d’une contradiction historique dans le cours de la guerre des classes. La bourgeoisie, pour s’instaurer en classe dominante, et se sachant minoritaire, a instauré par la force (la Terreur) son Etat et a développé dans le cours de sa lutte pour défendre et justifier son existence un système qui la légitime. Quel meilleur système de domination en effet pour une minorité que celui qui propose que les élites dirigeantes de la nation soit « librement choisies », c’est à dire en invoquant l’assentiment et la participation du plus grand nombre. L’esclavage transformé en salariat (« librement consenti ») et la noblesse antique transformée en un système de domination de classe dont on vente le mythe si moderne de la « mobilité » (« Si tu es un pauvre, tu peux devenir riche ! A condition de travailler plus! »). La encore plutôt que de prendre directement ce qu’il veut, le citoyen démocratique vend sa force et délègue son pouvoir dans l’espoir de gravir les échelons. La démocratie est par essence délégation de pouvoir (économique, social et politique) et le pouvoir est par essence contrôle. Voilà le postulat démocratique mis à nu : qui contrôle l’assentiment général détient déjà le pouvoir.
Dès lors, l’élaboration d’un tel système consiste à rendre plus acceptable, et plus « civilisé » ce principe finalement très basique en y insérant de l’institution, du constitutionnel, et la prétendue « séparation » des pouvoirs, etc.
L’adhésion et le mythe du consensus.
Mais le principe de base ne varie pas pour autant, et sera défendu par la force à toute occasion. En réalité, il est même le principe politique qui justifie l’usage de la force partout dans le monde (rétablissement de l’ordre, ingérence « humanitaire » et « guerre préventive »). Ce principe repose aussi sur le mythe de la « volonté générale » souvent dénoncé comme « tyrannie de la majorité ». Ce mythe est savamment entretenu dans toutes les sphères de la société et au sein même des milieux contestataires. Cette fausse conscience repose sur l’idée que tout les « citoyens », voir même les êtres humains partagent les mêmes intérêts, les mêmes désirs et la même destinée. En réalité ce mythe de la volonté générale et des intérêts communs existe précisément pour invisibiliser les antagonismes de classes, les relations de pouvoir et la violence qu’elles impliquent et brider ainsi l’autonomie individuelle et collective. Et c’est dans ces frictions que le pouvoir tente de récupérer, par essence, le monopole de la gestion jusque dans les luttes, les décisions, les affects, les habitudes sociales, les identités qui prétendent s’y opposer pour les façonner à son image. Et c’est pourquoi il n’y a de perspective révolutionnaire dans la fuite, dans la transgression ou dans le simple fait de « s’abstenir » mais seulement des échappatoires existentielles (même lorsqu’elles peuvent être un signe ou une nécessité ponctuelle). Ce n’est pas par la « performance » ou en théorisant la « transcendance » qu’on menace la domination, c’est en s’y attaquant directement (sans spectacle, et sans médiations) qu’on ouvre les possibilités de la dépasser, et de la détruire.
Le refus purement individuel ou les transgressions (comme la remise en cause permanente de nos comportements) sont nécessaires, mais ne se suffisent pas. Parce que c’est la même logique qui nous ramène au moralisme de la consommation responsable ou du tri des déchêts : celle de l’individualisation des problèmes sociaux. On ne s’oppose pas à une lapidation en prétendant seulement qu’on ne jette pas de pierre. La reproduction de la vie quotidienne n’est pas qu’une question de geste, de posture ou de libre association mais aussi de coercition, d’antagonisme et de rapport de force.
C’est là que la révolte prend tout son sens.
Le vote comme processus d’intégration.
Le « votant » est par définition un individu perçu comme socialement intègre, voir même intégré.
Et ce n’est pas un hasard si les couches de la population qui votent le plus sont celles qui sont le plus intégrées par la société. Parmi lesquels principalement les patrons, les propriétaires, les « entrepreneurs », les petits-bourgeois commerçant ou « créatifs », etc. La classe sociale reste déterminante dans le fait d’aller voter. La presse bourgeoise elle même le reconnait dans un article récent sobrement intitulé « qui sont les abstentionnistes ? » : le serpent de mer des élections, c’est l’abstention (déjà estimée à 32% cette fois ci, soit le « parti majoritaire »). Et elle ne peut être expliquée en premier ressort que par des motivations de classe. Soit parce qu’ils ne sont pas dupes, soit parce qu’ils en n’ont rien à faire et n’y croient déjà plus, la majorité des pauvres ne votent pas, et la majorité des abstentionnistes sont des pauvres, majoritairement jeunes. Sociologues, politiciens et autres journalistes, devant l’évidence de cette réalité, se demandent encore et toujours comment « ramener les abstentionnistes dans le droit chemin ».
L’abstention est d’ailleurs décrite comme un phénomène passif (ce qu’elle est effectivement, la plupart du temps puisqu’elle s’y arrête), alors même que c’est cette démocratie si participative qui cultive sans relâche et avec une « sagesse » de curé, la passivité de ses sujets : rentrer dans un rang, choisir sa couleur, suivre les meetings dans le calme ou les ersatz de « débats » devant sa télé, et se trainer servilement en masse au bureau de vote le jour J. Accepter avec résignation le résultat qui ne satisfera qu’une minorité, comme règle du jeu auquel on a été prié de prendre part.
Pour autant donc, ne pas voter ne signifie pas s’opposer au pouvoir. Celà signifie simplement ne pas participer. Mais la « non-participation », ici comme ailleurs, ne peut se résumer qu’à la stratégie du colibri qui pisse sur un feu de forêt. Il est symptomatique d’un antagonisme social plus général, mais simplement inconséquent parce qu’isolé et non assumé comme tel.
Matérialiser l’antagonisme, donner vie à ce refus, c’est assumer l’attaque, assumer l’antagonisme.
Tout comme une religion ne dépérit pas du simple fait que des croyants deviennent athées ou même de par la seule destruction de ses édifices, mais d’un mouvement grandissant contre son pouvoir et ses mécanismes, la démocratie n’est pas menacée par les abstentionnistes ou par le risque (assez faible) qu’une force inconnue ou minoritaire parvienne à saboter les élections. Elle est en revanche plus clairement menacée par le risque d’un embrasement général comme celui, avorté, qui s’est manifesté dans les journées enflammées suivant les élections de mai 2007. Toute l’erreur a consisté à attribuer le phénomène à la seule personnalité du chef de l’Etat nouvellement élu ou à sa politique. Il s’agit d’un rejet beaucoup plus profond qui implique, même de manière inconsciente, un sursaut de révolte et de rage vis à vis d’un système qui ne peut satisfaire les foules qu’il prétend « représenter » (comme un seul individu, ou même groupe en serait il capable ?) devant une vie toujours de plus en plus dépossédée.
Démocratie, frontières et barbelés.
Conformément à sa vision antique comme à celle de « l’utopie des lumières », la démocratie est conçue à la fois comme le meilleur des mondes possibles (qu’il serait inutile et absurde de remettre en cause) et comme un Eldorado à défendre contre vents et marées. Un « pays doré », un monde où tout est moins pire qu’ailleurs et qu’il faut protéger de « l’en dehors : les immigrés, les barbares, les terroristes, la dictature ». « T’es pas contant ? Vas vivre en corée du nord! ». Concrètement, c’est de cette manière que ce système politique justifie ses clôtures, ses frontières mortelles et ses camps de concentrations pour immigrés, appelés par euphémisme du doux nom de « centre de rétention administration » (ou autres variations). Aux quatre coins du petit pré caré démocratique européen, chaque année, des centaines d’être humains meurent noyés, de soif ou de faim, ou assassinés par la police en tentant de franchir l’impossible frontière. Les survivants sont souvent parqués par milliers dans des complexes pénitentiaires industriels de plus en plus obèses pour des durées de plus en plus longues pour simple délit d’existence. Avec la « citoyenneté » comme miroir de l‘in-humanité légale de tous ces harragas, tous ces réfugiés et sans-papiers, tous ces exilés du grand mensonge démocratique, là où encore une fois l’illusion de « l’Etat de droit » s’arrête. Comme dans toutes prisons spéciales. Comme à Guantanamo. Car tout Etat est policier par définition parce que tout pouvoir, toute coercition est un abus absolu.
Après la démocratie… le déluge ?
Malgré les récentes tentatives pseudo-contestataires du type Democratie Réelle et autres Indignés pour le refonder, le mythe de la représentation est un petit théâtre qui a de plus en plus de mal à satisfaire son public, comme un commerce qui éprouve de plus en plus de mal à se maintenir dans la mesure où ses « consommateurs » ne se contentent plus vraiment d’aucun divertissement, ni d’aucune marchandise.
La critique de la démocratie doit aussi dépasser le seul rejet des élections et démontrer en quoi elle ne s’oppose pas fondamentalement à la dictature ou même à l’autorité. Elle use de mécanismes simplement moins coercitifs (plus persuasifs) pour obtenir des résultats similaires : passivité et consensus. Lorsqu’elle y échoue, tout les états d’urgence sont permis. C’est dans un cadre parfaitement démocratique que le parlement de la 3e république vote en juillet 40 les pleins pouvoirs à Pétain et à l’Etat français qui collaborera avec les nazis et participera à la déportation et à l’extermination. L’article 16 de la constitution de la cinquième république permet aussi de voter les pleins pouvoirs ou encore l’établissement de tribunaux exceptionnels : en bref la sortie du soit disant « Etat de droit » est déjà parfaitement prévu par la loi.
La démocratie n’est malheureusement qu’un versant séduisant de l’autorité duquel on pourrait être tenté de s’inspirer. Le problème que cette « inspiration » pose est qu’il est simplement contradictoire de vouloir établir un modèle unique d’auto-organisation ou d’autogestion, et qu’il est simplement périlleux d’en établir un à partir d’un système politique qui tend à devenir le principal mode d’administration du pouvoir.
Les gauchistes de toutes les chapelles nous répètent à la nausée que le dépérissement de la « démocratie » est synonyme d’avènement du fascisme ou de la dictature alors que ce sont les cadres de cette société qui en préparent la militarisation sous une rhétorique plus que jamais démocratique, dans une optique de contre-révolution préventive de plus en plus assumée. Depuis cette perspective, défendre la démocratie signifie simplement stagner ou revenir en arrière. Et précisément, c’est ce que l’école, les médias et le discours du pouvoir en général nous assènent dès l’enfance : tout ce qui succèdera à la démocratie sera nécessairement pire. Mais les Cassandre de la démocratie n’ont pas finit de déchanter, tant cette modernisation du mythe de l’apocalypse confine à la paralysie, et que ce mythe n’a que trop duré.