Zine :
Lien original : Oiseau-tempête n°8, par Race Traitor
Texte 1
Abolir la race blanche – par tous les moyens nécessaires
[…] Réclamer l’abolition de la race blanche est différent de ce qu’on appelle « antiracisme ». Le terme de « racisme » a fini par s’appliquer à toute une série de comportements, certains incompatibles entre eux, et s’est dévalué jusqu’à signifier à peine plus qu’une tendance à ne pas aimer certaines personnes à cause de la couleur de leur peau. En outre, l’antiracisme admet l’existence naturelle de « races » même s’il opère des distinctions sociales entre elles. Les abolitionnistes affirment, au contraire, que ce n’est pas parce qu’elles sont blanches que certaines personnes sont favorisées socialement ; elles ont été définies comme « blanches » parce qu’elles sont favorisées. La race elle-même est un produit de la discrimination sociale ; tant qu’existera la race blanche, tous les mouvements contre le racisme seront voués à l’échec.
L’existence de la race blanche dépend de la volonté de ceux qui placent leurs privilèges de race au-dessus des leurs intérêts de classe, de sexe, etc. La défection d’un nombre suffisamment élevé de ses membres pour qu’elle cesse de déterminer systématiquement la conduite de tous déclenchera des tremblements qui conduiront à son effondrement. La revue Race Traitor se donne pour but de servir de centre intellectuel à ceux qui cherchent à abolir la race blanche. Elle encouragera la dissidence par rapport au conformisme qui entretient son existence et popularisera les exemples de défection dans ses rangs, analysera les forces qui maintiennent sa cohésion et celles qui promettent de la faire voler en éclats. Une partie de sa tâche consistera à promouvoir des débats au sein des abolitionnistes. Quand ce sera possible, elle soutiendra les mesures pratiques, guidée par le principe que « trahir les Blancs s’est servir l’humanité ».
Dissoudre le club
La race blanche est un club, qui recrute certaines personnes à la naissance, sans leur consentement, et les élève selon ses règles. Pour la plupart, ses membres passent toute leur vie en acceptant les avantages de leur appartenance au club, sans s’interroger sur les coûts. Quand des individus remettent les règles en question, les responsables sont prompts à leur rappeler tout ce qu’ils doivent au club et de les mettre en garde contre les dangers auxquels ils devront faire face s’ils le quittent. Race Traitor vise à dissoudre le club, à le fracturer à le faire exploser.
[…] À de rares moments, [la paix agitée des soi-disants blancs] vole en éclats, leur certitude est ébranlée et il sont contraints de remettre en cause la logique qui règle habituellement leur vie. C’est un de ces moments que nous avons connu dans les jours qui suivirent immédiatement le verdict contre Rodney King [1], où une majorité d’Américains blancs acceptèrent de reconnaître devant les sondeurs que les Noirs avaient de bonnes raisons de se révolter et où certains se joignirent à eux.
Habituellement, ces moments sont de courte durée. Il suffit d’envoyer les fusils et les programmes de réforme pour rétablir l’ordre et, plus important, l’illusion que les affaires sont en de bonnes mains, et les gens peuvent retourner dormir. Les fusils et les programmes de réforme visent les Blancs comme les Noirs – les fusils comme avertissement et les programmes de réforme pour soulager leurs consciences
[…] Les moments où les certitudes admises sur la race s’effondrent sont la promesse sismique que quelque part dans le flux tectonique une nouvelle faille se creuse, une nouvelle attaque sur Harper’s Ferry se prépare [2]. On ne peut en prédire la nature ni l’heure, mais on ne peut douter de sa venue. Quand elle adviendra, elle engendrera une série de tremblements qui mèneront à la désintégration de la race blanche.
Nous voulons être prêts. et marcher dans Jérusalem comme le fit John (Brown) [3]. De quelle revue s’agit-il ? Race Traitor existe, non pour faire des adeptes mais pour tendre la main à ceux qui sont insatisfaits des conditions d’adhésion au club des blancs. Elle vise comme lectorat de base les individus appelés couramment Blancs qui, d’une manière ou d’une autre, considèrent la blancheur comme un problème perpétuant l’injustice et empêchant même les mieux disposés d’entre eux de participer sans équivoque à la lutte pour la liberté de l’humanité. En invitant ces dissidents à un voyage de découverte de la blancheur et de ses mécontents, nous espérons pouvoir participer, avec d’autres, au processus de définition d’une nouvelle communauté humaine. Nous ne souhaitons ni minimiser la complicité des plus déshérités des Blancs avec le système de la suprématie blanche ni exagérer le sens des transgressions momentanés des règles blanches.
[…] Dans la première version du film Robin des Bois (avec Errol Flynn), le shérif de Nottingham dit à Robin : « Tu parles trahison. », et ce dernier répond : « Couramment. » Nous espérons en faire autant.
Editorial de Race Traitor